Méounes : L'église

(d'après L. FILLE)


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L'église et la Chartreuse de Montrieux

La première église paroissiale fut bâtie sur l'emplacement du sanctuaire païen vers le 7ème siècle et dédiée à St Lazare.

Vers le XIème siècle construction de Notre Dame de Méounes. Elle fut démolie au XVIème siècle lors des guerres de religion puis remontée en 1540 (terminée en 1581). En 1590 il y avait 4 églises ou chapelles. En 1666, construction de l'aile du couchant (du coté du monument aux morts). En 1678 elle est telle qu'elle est de nos jours, consacrée en 1743 par Monseigneur de Belsunce.

Elle est placée sous le vocable de l'Assomption de la Sainte Vierge mais son patron est St Eutrope. Les reliques de ce saint ont été offertes par l'église de Marseille.

Le clocher est de 1615 ; il s'écroula et fut refait en y ajoutant le lanterneau actuel. Cette église, de petites dimensions, est belle. L'architecture en est composée d'un mélange de styles : croisées d'ogives pour le gothique, piliers massifs pour le roman. La façade rappelle un peu le style jésuite. Elle est surmontée des attributs de la crucifixion et porte l'inscription suivante : Domus Dei et porta coeli (maison de Dieu et porte du ciel). A l'intérieur des fresques un peu effacées parsèment le plafond du choeur d'étoiles dorées. Au fond, derrière le maître autel, une toile de grande dimension représente l'Assomption peinte par Le Roy de Marseille en 1682. Elle est entourée d'un cadre somptueux surmonté de deux anges à demi couchés dont les mains tiennent un cartouche portant ces mots : Mater Christi ora por nobis. Cette sculpture est l'œuvre de Maunier Antoine de Saint Maximin. Sur le bas de ce beau cadre on voit les traces du tabernacle de l'autel en bois qui était alors adossé contre le mur. Cette œuvre est classée. De part et d'autre et sur les côtés : une toile représentant Marie Madeleine face au christ ressuscité quand il lui dit Noli me tangere (ne me touche pas). En face, la descente de croix (XVIIIème) (classée).

Une autre toile : la présentation de Saint Jean Baptiste à l'Enfant Jésus (classée également). Le maître autel, du XVIIIème siècle, est en marbre polychrome. Il provient de la chartreuse de Montrieux ainsi que les toiles précédentes. Deux anges pleureurs en marbre blanc, une statue de Saint Omer et une de Sainte Delphine, œuvre de Duparc sculpteur marseillais.

Ciborium formé de 8 colonnes en marbre noir veiné de jaune supportant un baldaquin. Les autels du Rosaire et de Saint Eutrope portent chacun un retable formé de colonnes et de pilastres (ornés de pampre et de raisin) encadrant, le premier un tableau de la vierge de laquelle Saint Dominique reçoit un chapelet, et le second une peinture où l'on voit Saint Eutrope ayant à sa droite Sainte Andrée et à sa gauche Saint Appolonie. Cette dernières passe pour guérir de la rage de dents et des maux de tête. Trois vitraux sur la face Sud font chanter la lumière dans un éblouissement de couleurs. A l'entrée sur un pilier, une plaque de marbre avec les noms des morts de la guerre. En dessous, la pierre dédiée à Jupiter venant du sanctuaire païen.

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On ne peut pas parler de Méounes les Montrieux sans parler de la Chartreuse de Montrieux.

A quelques kilomètres du village se trouve le quartier de Montrieux (Mons rivus c'est à dire montagne des ruisseaux). Paysage grandiose, verdure, beaux arbres.

Au XIIème siècle des moines s'y installèrent et adoptèrent assez rapidement la règle de Saint Bruno. Il s'agit d'un mode de vie contemplative et ermitique, les chartreux vivent chacun dans un petit oratoire, en ermites et passent une partie de la nuit à la chapelle pour prier. Il y avait à cette époque deux maisons distantes de 1,5 km. L'une, la maison basse, comprenait la ferme, le moulin, la tannerie, etc.... Bref tout ce qui est nécessaire pour la vie matérielle et était occupée par les frères convers. Cette maison a été abandonnée au début du XIVème siècle. Il en subsiste des ruines (qui d'ailleurs sont classées). C'est ce que l'on appelle Montrieux le Vieux. La maison haute était la résidence des Pères. C'est ce que nous appelons Montrieux le Jeune et qui est le couvent actuel.

Là habitent environ 20 pères ou frères qui mènent une vie très sévère. Le sommeil des chartreux est interrompu au milieu de la nuit pour la célébration de l'office des mâtines ainsi que la messe et les vêpres. Le temps qui se trouve entre les offices est partagé par la méditation, la lecture spirituelle, l'étude, un peu de travail manuel et la récréation. Le jeûne commence en septembre et finit à Pâques. Il consiste à ne faire qu'un seul repas par jour.

Comme détente extérieure, une promenade chaque semaine, le lundi en général, en groupe, et une récréation en commun les dimanche et fêtes. En dehors de cela le silence. Comme régime alimentaire jamais de viande. Le costume consiste en une robe blanche surmontée de la cucule espèce de scapulaire descendant jusqu'aux genoux. Le responsable de la communauté est le Père Prieur élu par les moines. La cellule du chartreux est un petit ermitage composé de 4 petites pièces et jardin. La maison Mère est la grande chartreuse de Grenoble qui tire sa principale ressource de la fabrication de la liqueur. Le monastère a subi au cours des siècles de nombreuses destructions. Le poète Pétrarque avait un frère à Montrieux qu'il alla visiter en 1340. En 1348 la peste décima le couvent et ce frère fut le seul survivant. Les chartreux sont expulsés de Montrieux en 1792. Ils rachetèrent le monastère en 1845, en remontent les ruines et y reviennent. A nouveau expulsés en 1901, ils reviennent en 1928. La clinique Malartic de Toulon s'est réfugiée pendant l'occupation à la chartreuse.

C'est ainsi qu'un 1942 des bébés sont nés parmi les moines. Une histoire de la Chartreuse de Montrieux au XIIème et XIIIème siècle est éditée en 1980. C'est un travail remarquable (thèse de Doctorat) dont l'auteur l'abbé Boyer était le directeur de centre Archéologique du Var. Nous devons signaler aussi une monographie de l'abbé Saglietto, ancien curé de Signes, sur l'histoire de Méounes.

Voilà un bref aperçu de l'histoire de ce petit village provençal. Charmant par sa verdure, ses beaux arbres, sa petite place ombragée autour du jet d'eau devant l'église.

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